Le comité BAILS lutte depuis plus d’un an pour la revitalisation du sud-ouest du quartier, particulièrement de la rue Sainte-Catherine. Cette campagne n’est pas le fruit du hasard, mais plutôt le résultat d’une série de constatations sur l’état de notre quartier.
Lorsqu’il est question du sud-ouest ou de la rue Ste-Catherine, la prostitution, l’itinérance et la toxicomanie frappent l’imaginaire des gens. Cela est dû, principalement, à la croissance fulgurante de ces phénomènes, résultat direct du «nettoyage social» de l’arrondissement Ville-Marie. La Ville de Montréal, désireuse d’améliorer son image internationale, a en effet entrepris une campagne de nettoyage des «incivilités» qui a eu pour conséquence de repousser ces problématiques loin des yeux des touristes, entre autre vers le quartier Hochelaga, sans pour autant apporter des solutions afin d’aider ces personnes. Cependant, la réalité du sud-ouest du quartier va bien au-delà de ces problématiques visibles. À celles-ci s’ajoutent des éléments structurels importants.
La comparaison de certaines données statistiques du dernier recensement, permet de jeter un coup d’oeil avisé sur la réalité de cette partie du quartier. Il faut d’abord constater que le revenu moyen des personnes vivant dans ce secteur se trouve inférieur à la moyenne du quartier, 22 281$ contre 23 994$. À cela s’ajoute un taux de chômage plus élevé, 10,38% comparativement à 9,58%. Le taux de scolarisation est moins élevé, 54,04% de la population a moins de 13 années de scolarité, versus 48% pour le quartier. Au niveau familial, le nombre de familles mono-parentales se situe à 34,46% alors qu’il est de 29,7% pour l’ensemble d’Hochelaga-Maisonneuve.
La situation du logement n’est guère plus rassurante, surtout, considérant le fait que l’on retrouve plus de 84% de locataires contre 81% pour le quartier. La proportion de locataires consacrant une trop grande partie de leur revenu au logement est légèrement plus élevée dans le secteur: 38,46% des ménages consacrent plus de 30% de leur revenu au logement, alors que ce taux s’élève à 37,7% pour l’ensemble du quartier. Or, les logements ne sont pas en meilleur état, Hochelaga-Maisonneuve est en effet ressorti, dans le dernier recensement, comme étant le quartier ayant le plus de réparations majeures à effectuer dans les logements, avec un taux de 14,6%. Cette proportion est pire dans le sud-ouest du quartier (14,82%). Pire encore, à l’ouest de Darling et au sud d’Adam, on calcul que 19,2% des logements ont un besoin de réparations majeures, un logement sur cinq!
Au delà des chiffres, on note que le secteur sud-ouest du quartier souffre de déficit de ressources alimentaires, notamment par rapport à l’accessibilité aux fruits et légumes qui serait jugée très faibles. Les magasins à «bas prix» sont quasi-inexistant. Étonnamment, le secteur est bien pourvu en parcs, cependant, on dénote une absence d’animation dans ceux-ci, voire même une absence d’activités sociales ou de voisinage. Parallèlement, c’est aussi dans ce secteur, que l’on retrouve les plus importantes zones jugées insécurisantes par les résident-e-s.
Bien que ce bilan semble sombre et peu encourageant, il importe d’insister sur la volonté des gens de prendre leur quartier en main, de le revitaliser par et pour eux-mêmes. Il faut donc cesser l’intervention à la pièce et proposer des solutions structurantes et inclusives pour l’ensemble des résident-e-s de ce secteur. Les militant-e-s du comité BAILS croient que le logement social fait parti ces solutions, mais qu’il n’est, et ne doit pas, être le seul élément. C’est pour cela, que le comité BAILS appelle tous les résidents et toutes les résidentes à venir participer à l’assemblée publique, ce 31 mars.
Par Jonathan Aspireault Massé