Solidarité entre locataires vivant la violence économique et sociale de la gentrification!

Suite aux bris de vitrines qui ont eu lieu dans la nuit de dimanche à lundi, les élu.e.s du quartier et plusieurs journalistes se sont empressé.e.s de dénoncer ces actions. Au Comité BAILS, nous souhaitons mettre en lumière le traitement différent que reçoit d’une part les commerçant.e.s visé.e.s par ces actions et de l’autre les mal-logé.e.s du quartier.

Cette semaine, le Comité BAILS a rappelé dans les médias que plusieurs personnes ont une réelle frustration face à la gentrification du quartier. La réelle violence selon nous, elle est systémique  et économique et elle est vécue quotidiennement par les personnes à faible revenu.

Lorsque le rapport du Directeur de Santé publique est sorti en 2015, on y révélait que plus d’un logement sur cinq présentait des traces apparentes d’infiltration d’eau, des moisissures visibles ou des odeurs de moisissure, aucun élu.e.s ne s’est élevé.e.s pour dénoncer le laxisme des propriétaire, les plaintes en inspection qui n’aboutissent pas ou les délais à la Régie du logement.

Et lorsque le dossier noir sur le logement à Hochelaga-Maisonneuve est sorti en 2014, décriant qu’un ménage sur 10 payait plus de 80% de son revenu pour se loger, obligeant ainsi les personnes à couper dans leurs besoins primaires (habillement, soins médicaux, nourriture), très peu de médias ont cherché à dénoncer les propriétaires qui font des hausses abusives et les promoteurs immobiliers qui encouragent la spéculation immobilière.

Finalement, lorsque le rapport de la SCHL est sorti ce lundi, et qu’on y mentionnait qu’en 15 ans la hausse de loyer a augmenté de 55% à Montréal, aucune conférence de presse n’a été fait de la part des élu.e.s pour dénoncer la gentrification des quartiers.

Pourquoi faut-il encore des briques pour parler de gentrification sur toutes les tribunes? Pourquoi le maire de Hochelaga-Maisonneuve, Réal Ménard est aussi prompt à réagir lorsqu’il s’agit de commerçant.e.s, mais qu’il est très peu présent lorsque qu’il s’agit des locataires vivant des situations inadmissibles de logement?

Au Comité BAILS, on parle à des dizaines et des dizaines de locataires chaque semaine. Ces locataires viennent nous voir pour échanger sur leurs situations de logement. Nous recevons des témoignages dénonçant des hausses de loyer de plus de 50$, l’intimidation des propriétaires voulant les chasser, les reprises de logement illégales ou difficiles à contester. Des locataires se confient face à l’incapacité de trouver un loyer abordable suffisant grand pour loger leur famille, aux déserts alimentaire, au manque de logement social, aux conditions d’insalubrité. Des personnes qui sont fâchées et angoissées par l’embourgeoisement du quartier, qui s’inquiètent de l’arrivée des condos et des commerces de luxe, qui se sentent et se voient exclues de leur communauté.

Le Comité BAILS est un comité logement qui existe dans le quartier depuis plus de 23 ans. Nous faisons des ateliers d’éducation populaire, nous sommes présent.e.s à la table de quartier et dans d’autres milieux de concertation, nous faisons des manifestations, des occupations de terrains, des BBQ populaires contre la gentrification. Nous faisons aussi des soupers de mobilisation et des cafés-causeries.

Le Comité BAILS est aussi un lieu où des personnes locataire ou en situation d’itinérance sonnent à notre porte parce qu’elles ne savent plus quoi faire, parce qu’elles vont être mises à la rue, parce qu’elles n’arrivent plus à se nourrir sainement, parce que ça fait 10 ans qu’elles attendent pour un logement social.

Souvent on accompagne ces personnes dans les démarches pour trouver un logement social, mais on est confronté aux listes d’attente qui n’en finissent plus.  Depuis des années, on revendique des réserves de terrains et bâtiments pour du logement social, un réinvestissement massif dans les programmes de construction de nouveaux logement sociaux. On revendique aussi des meilleurs programmes pour la rénovation et l’entretien des logements sociaux existants, l’expropriation des propriétaires qui laissent aller leurs immeubles au détriment de la vie des locataires, un moratoire sur les condos, etc.

Malgré toutes ces activités et actions, les projets de logements sociaux prennent énormément de temps à aboutir et ils sont loin d’être en nombre suffisant pour combler les besoins du quartier. Les délais à la régie du logement sont interminables pour les locataires qui ont l’énergie et le temps de défendre leurs droits. Les plaintes des locataires à l’arrondissement trouvent rarement leur fin et les hausses de loyers sont souvent abusives.

Nous sommes tanné.e.s d’attendre après les recherches et les statistiques qui confirmeront les effets négatifs de la gentrification que nous connaissons déjà. Nous sommes tanné.e.s de revendiquer en vain auprès des différents paliers gouvernementaux d’agir concrètement pour freiner la gentrification. C’est aujourd’hui que nous devons nous mobiliser ensemble contre la gentrification et être réellement solidaire avec les mal-logé.e.s du quartier.

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