Ni OSHA, ni condos dans Hochelaga-Maisonneuve : Des organismes disent non à la gentrification dans leur quartier!

Ni OSHA, ni condos dans Hochelaga-Maisonneuve : Des organismes disent non à la gentrification dans leur quartier!

Montréal, le 20 juin 2019 – Lors d’un rassemblement contre OSHA CONDO, alors qu’une pénurie de logements locatifs frappe durement Montréal, le Comité BAILS, La Marie Debout, Dopamine, Interaction familles, Entraide Logement, Stella et GCC la violence, sept groupes communautaires de Hochelaga-Maisonneuve dénoncent les conséquences de la gentrification. En plus de s’opposer au projet OSHA CONDOS, ils appellent la population et les groupes à signer une lettre collective revendiquant des mesures contre la gentrification dans le quartier.

Les organismes démontrent que la gentrification est un processus bien ancré dans Hochelaga-Maisonneuve. Entre 2014 et 2017 seulement, plus de 800 unités de condominiums sont apparues dans Hochelaga-Maisonneuve. Le parc de logements locatifs qui s’est développé ces dernières années s’est avéré inaccessible à la population précaire du quartier et les plateformes de location touristiques ont gagné en popularité, comme en témoignent les 900 logements mis en location dans le secteur, via Airbnb, dans la dernière année. « Alors que 74% des ménages du quartier sont locataires et que 3000 d’entre eux, engouffrent plus de la moitié de leurs revenus pour se loger, avec un revenu annuel médian de seulement 11 631 $, il est clair que ce n’est pas aux résidentes et aux résidents du quartier que ces transformations profitent », dénonce Émilie Trépy-Lecavalier, organisatrice communautaire au Comité BAILS. En plus des hausses de loyer et des reprises de logement, la gentrification entraîne une perte de services dans les écoles, l’augmentation de la répression policière dans les espaces publics, la fermeture des maisons de chambres et une offre commerciale inabordable pour les personnes à plus faible revenu.

Dans le contexte de pénurie de logements locatifs que traverse Montréal, les effets de la gentrification s’avèrent encore plus désastreux. Au delà de perdre leur lieu de vie, faute de logements abordables disponibles, les ménages se retrouvent trop souvent contraints de renoncer à leur quartier, donc à leur réseau d’entraide familiale et communautaire. « Il faut appeler un chat un chat, c’est à un processus de nettoyage social auquel on est en train d’assister. Hochelaga-Maisonneuve est en train de perdre sa couleur, son identité de quartier ouvrier. C’est très violent pour les ménages les plus précaires et particulièrement pour les femmes! Elles sont les plus touchées par la pauvreté et la perte de services sociaux», accuse Marilène Berthiaume, travailleuse à La Marie Debout, centre de femmes d’Hochelaga-Maisonneuve.

Alors que le taux d’inoccupation est de seulement 0,1% pour les grands logements, la situation est particulièrement difficile pour les familles qui vivent à Hochelaga-Maisonneuve.  « Si tu es une famille à faible revenu avec plusieurs enfants, qui se fait mettre dehors par un proprio ou des promoteurs en quête de profit, ça devient une source d’angoisse, les appartements sont tellement chers, en plus que la majorité ne veulent pas louer aux familles nombreuses, et si elles ne trouvent pas quelque chose d’adéquat, selon les circonstances, ça peut aller jusqu’à se faire enlever les enfants. », explique Milène Chenot, organisatrice à Interaction Famille.

Les personnes en situation ou à risque d’itinérance sont souvent les premières touchées par les conséquences de la gentrification. «Les équipes d’intervention perçoivent une augmentation de la stigmatisation et des tensions dans le quartier en lien avec la gentrification. Comme les espaces deviennent de plus en plus restreints, les personnes se retrouvent encore plus isolées de leurs réseaux.», décrit Martin Pagé, directeur de l’organisme Dopamine. Il rappelle que l’itinérance a plusieurs visages et que toutes ces réalités doivent être prises en compte afin d’apporter des réponses adaptées et dans le respect des droits humains, dont le droit au logement.

Le projet OSHA CONDOS, qui a déjà fait l’objet de plusieurs mobilisations citoyennes, érigera plus de 200 unités de condos de luxe. Il s’agit encore d’un projet qui menace de transformer durablement le secteur et ce, au détriment des ménages qui y habitent.« C’est clair que les résidentes et les résidents du quartier, c’est pas de condos dont ils ont besoin sur le terrain occupé par OSHA CONDOS, mais d’un projet 100% logement social et d’espaces communautaires. De nouveaux condos n’ont pas leur place dans Hochelaga », s’indigne Mary Lee St-Pierre, intervenante de milieu au GCC La violence.

Afin de lutter contre la gentrification qui sévit dans Hochelaga-Maisonneuve, les organismes communautaires du quartier, revendiquent :

  • que le projet OSHA Condo soit abandonné pour laisser la place à un projet de 100% de logements subventionnés, d’espaces communautaires et/ou auto-gérés;
  • que l’arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve mette en place un moratoire sur la construction de condos
  • que l’arrondissement et la Ville de Montréal réservent ou achètent le Terrain Lantic et l’Entrepot Pitt pour des projets 100% logements sociaux et des espaces communautaires;
  • que la Ville de Montréal, le gouvernement provincial et le gouvernement fédéral favorisent des projets de logements sociaux inclusifs et à haut seuil d’acceptabilité;
  • que la ville instaure un registre des loyers, afin d’aider à contrer les hausses abusives lorsqu’il y a changement de locataires.

17 organismes communautaires d’Hochelaga-Maisonneuve ont récemment pris ouvertement position contre la gentrification du secteur et contre le projet OSHA Condos dans une lettre collective. Ils appellent la population et les groupes à joindre leurs voix à eux en la signant.

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Information et demandes d’entrevues :

Émilie Trépy-Lecavalier: (514) 623-5593

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