Le comité BAILS annonce qu’il participera aux travaux du comité de réflexion sur les impacts négatifs de la gentrification, mis en place au début décembre 2013. Bien que nous croyions que l’heure est aux solutions plus qu’à l’étude de ce phénomène et ses effets déjà bien connus, nous avons décidé de tout de même mettre notre expertise au profit de ce nouveau comité d’étude.
Comme nous l’avons indiquer à maintes reprises depuis l’annonce de ce comité, les effets négatifs de la gentrification en cours dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, sont relativement bien documentés. Plusieurs universitaires et étudiants et étudiantes ont produit des études sur le sujet, tout comme les organismes du quartier. À titre d’exemple le comité BAILS a déjà produit de nombreux relevés statistiques que nous mettrons à la disposition des membres de ce comité, la Table de quartier a également publié un portrait statistiques en 2009, les groupes en sécurité alimentaire travaillent à la rédaction d’un portrait alimentaire du quartier et de nombreuses autres organismes ont déjà produit de nombreux documents d’information sur des enjeux reliés à ces changements urbains. D’ailleurs, le comité BAILS entends veiller à ce que les rapports des différentes OPA (opération populaire d’aménagement) rédigés par La Table de quartier, soient déposé et tenus en compte lors des travaux du comité.
Nous croyons que ce comité pourra toutefois quantifier le phénomène de conversions de logement locatifs en condos dont on arrive difficilement à connaître l’ampleur. Bien que les effets de ces conversions sont déjà relativement connus, pression à la hausse sur les loyers et expulsion de locataires, nous espérons que ce comité nous permettra de mettre en place des outils afin de mieux mesurer l’évolution du phénomène.
Aussi, nous demandons à ce que ce comité étudie la possibilité de la mise en place d’un moratoire temporaire sur la construction de condos. Nous croyons que les données récentes et les tendances exprimées dans le quartiers justifient cette mesure. En effet, en 2009, alors que le revenu moyen des locataires était de 27 000$, le quartier en comptaient plus de 3570, soit près de 1 sur 5, qui consacraient plus de 50% de leur revenu pour se loger. L’accès au logement est doublement pénible, puisqu’Hochelaga-Maisonneuve est le quartier avec le taux d’inoccupation (équilibre à 3%) le plus bas à Montréal, avec 1,5% comparativement à 2,8% pour Montréal (décembre 2013). Pour les logements de 2 chambres, ce taux diminuent dramatiquement à 0,5%. Bien que les logements pour les familles soient très rares, il importe de noter que notre quartier est l’un de ceux qui compte le plus de ménage composé de personne seule ou de couple, avec 71% des ménages, et que ceux-ci sont de plus en plus précaires. Il est donc admis qu’à l’échelle du quartier, les locataires vivent une crise du logement qui se manifeste sur plusieurs aspects, la rareté des logements vacants, l’inabordabilité et l’insalubrité (il faut rappeler qu’en 2009, Hochelaga-Maisonneuve avait le plus haut taux de besoin de réparations majeurs avec 14,6% dans la province). Qui plus est, alors que le quartier compte près de 82% de locataires (2009), les mises en chantier de logements locatifs sont passées de 1/3 entre 2005 et 2007 à 1/10 entre 2009-2011. Aujourd’hui, ce marché des condos affiche un important ralentissement. Alors que les mises en marchés dans le quartier augmentent sans cesse, 17% de plus en 2013, les ventes, elles, diminuent, 7% de moins cette année. Dans un contexte, de rareté de logement, de hausse des loyers et de ralentissement du marché des condos, ne serait-il pas temps d’imposer un moratoire sur la construction de condos, afin de se donner collectivement le temps de réfléchir au développement durable de notre quartier?
Le comité BAILS tient a insister sur le fait qu’en aucun cas notre participation ne saura être instrumentalisée à des fins politiques ou partisanes. Aussi, nous refusons que ce comité serve à cacher sous le tapis les impacts négatifs de la gentrification ou ne devienne qu’une fuite en avant pour ne pas en traiter. En ce sens, le comité BAILS s’attend à ce que les éluEs qui ont annoncé la création de ce comité s’engage sur des pistes de solutions claires aux problèmes identifiés dans leur déclaration commune.
Nous nous attendons donc qu’à court terme les éluEs provincial et municipal prennent des engagements en faveur des différentes pistes de solutions que nous avons identifiées.
La Députée provinciale devrait donc:
– s’engager publiquement dans la voie du rehaussement du nombre d’unités Accèslogis (logement social) dans le budget 2014-2015.
– s’engager publiquement à soutenir la mise sur pied d’un registre des loyers
– s’engager publiquement à soutenir la mise en place d’une réglementation provinciale contre les conversions de logements locatifs en condos, et ce peu importe la forme employée.
Le Maire de l’arrondissement et les conseillers et conseillères devraient donc:
– s’engager publiquement à la création d’une réserve de terrains et d’immeubles et qu’ils prennent des mesures en ce sens pour protéger des immeubles ou des terrains dans l’arrondissement à l’instar de l’arrondissement Sud-Ouest.
– assurer le maintien des acquis en matière de logement obtenu lors de l’administration précédente
– Inspectorat systématique
– Accès facilité au rapport d’inspection pour tous locataires qui en font la demande
Bien que travaillant principalement sur les questions relatives au logement, le comité BAILS insiste pour que le travail de ce comité ne se limite pas seulement à l’immobilier, et ce même s’il s’agit de l’aspect le plus fondamental du phénomène de gentrification. Nous souhaitons donc que l’ensemble des éléments constituantes de ce processus de transformations urbaines ainsi que leurs effet soient étudiées.
Le comité BAILS sera donc présent à la première rencontre du nouveau comité, aux côtés de plusieurs autres organismes et acteurs du milieu. Notre participation sera franche et déterminée afin que ce comité, jette les bases d’actions concertées qui mettront un terme à la gentrification tout en affirmant la nécessité d’une revitalisation inclusive et populaire (par et pour TOUS les gens du quartier). Finalement, le comité BAILS réévaluera sa présence sur ce comité au bout de trois mois de participation.