Il y a un peu plus d’une semaine […], le Comité BAILS apprenait que les vitrines de quatre restaurants avaient été brisées par des briques auxquelles étaient attachés des messages contre l’embourgeoisement. Ces bris ont suscité dénonciations et prises de position rapides de la part des élu(e)s du quartier et de l’arrondissement : il leur semblait impératif de dénoncer cette violence et de créer un nouveau comité de travail sur le développement d’Hochelaga-Maisonneuve.
Le Comité BAILS, sans appuyer ces bris de vitrines, a soulevé l’absence de réaction quant à la violence économique et systémique quotidienne subie par les personnes démunies du quartier. Nous jugeons que la création d’un comité d’étude constitue une mesure bienvenue mais nettement insuffisante considérant les besoins criants déjà connus. Hochelaga-Maisonneuve a besoin d’actions concrètes et d’investissements importants pour construire des logements sociaux afin de privilégier le maintien dans le quartier des personnes qui y habitent. Cette prise de position claire du Comité BAILS, en respect de sa mission et de ses mandats, mène, encore une fois, à des attaques personnelles à l’égard de son coordonnateur que nous ne pouvons tolérer.
En 2007, nous mettions en oeuvre la coalition « Heille on ne demande pas la lune ! », devenue aujourd’hui le Comité de défense de droits de La Table de quartier, et regroupant plusieurs organismes importants du quartier. Nous menons depuis 2009 une campagne de revitalisation populaire du quartier […]. Nous avons aussi proposé la réalisation de l’Opération populaire d’aménagement (OPA), que La Table de quartier a ensuite portée. À la suite de nos demandes lors de la campagne électorale de 2009, M. Ménard s’est engagé à former un comité de revitalisation du sud-ouest, qui, de fil en aiguille, est devenu la RUI Hochelaga (zone de revitalisation urbaine intégrée), dont le budget récurrent est de 100 000 $ par année.
Nos pressions auprès des élu(e)s municipaux, ainsi que celles de nos allié(e)s du groupe Entraide logement et Info-logis de l’est de Montréal, ont d’ailleurs mené à la création de la Table logement de l’arrondissement, à l’inspection systématique des logements réalisés sur la rue Sainte-Catherine et dans le secteur sud-ouest. C’est aussi à la suite des pressions de BAILS que l’arrondissement a mis en place son plan d’action en matière d’inclusion de logements sociaux.
Nous avons aussi aidé au développement de plusieurs logements sociaux, dont la Maison de chambres pour femmes du CAP Saint-Barnabé. Et avons été un artisan principal de ce projet qui a permis de transformer un véritable taudis en 14 chambres sociales fraîchement rénovées et subventionnées.
Le Comité BAILS s’est aussi positionné pour la revitalisation culturelle populaire en organisant les trois éditions du festival Hochelaga en fête !.
Au fil des ans, par le dialogue, la lutte, l’action et la socialisation d’immeubles, le Comité BAILS s’est forgé une expertise et une très grande crédibilité dans la lutte pour le droit au logement. Notre action ne glorifie pas la paupérisation, mais nous croyons que le logement social et le milieu communautaire peuvent aider à un développement durable et soucieux de ne pas créer davantage d’exclusion, chose que l’embourgeoisement actuel des spéculateurs et des promoteurs ne permet pas.
Les enjeux actuels en matière d’embourgeoisement sont au coeur de notre quartier, et nous refusons que les débats soient détournés au profit d’attaques personnelles injustifiées. Nos instances internes analysent la possibilité de participer au Comité de travail auquel nous avons été invités après la conférence de presse du dimanche 1er décembre, et nous en déciderons sans répondre à des ultimatums publics.
Ont signé ce texte : Ève Léger, Émilie E. Joly, Jasmine Samson, Richard Lampron, Mirielle Trépanier, Lise Rozon et Louis Galarneau, membres du conseil d’administration du Comité de base pour l’action et l’information sur le logement social d’Hochelaga-Maisonneuve (Comité BAILS).