Le comité BAILS constate un appauvrissement des ménages locataires
Montréal, le 1er décembre 2014 – Le comité de base pour l’action et l’information sur le logement social d’Hochelaga-Maisonneuve (comité BAILS) estime que la situation des locataires dans le quartier s’est encore détériorée entre 2006 et 2011.
Pour expliquer ces résultats, l’organisme n’hésite pas à pointer du doigt le phénomène de « gentrification ». Le comité BAILS a fait cette affirmation lors de la présentation des données locales du Dossier noir sur le logement et la pauvreté publié par le FRAPRU. Ces données proviennent pour la plupart d’une commande spéciale faite à Statistique Canada à partir de l’Enquête nationale auprès des ménages menée par cet organisme gouvernemental en 2011.
« Le premier élément marquant, c’est la chute du nombre de locataires dans le quartier et ce, autant en proportion qu’en nombre absolu », estime Jonathan Aspireault-Massé, coordonnateur du comité BAILS. Depuis 2001, c’est une baisse de près de 8% du taux de locataires. La baisse en nombre absolu, pourrait indiquer que la conversion de logements locatifs en condos est un phénomène non-négligeable dans le quartier.
M. Aspireault-Massé estime que la rareté des logements locatifs et la construction de condos généralisée d’un bout à l’autre du quartier, a contribué à la hausse des loyers : « Les loyers ont augmenté de plus de 13% entre 2006 et 2011, c’est plus du double de l’augmentation du revenu qui est de 5,6%. Il y a donc un appauvrissement généralisée des ménages locataires dans le quartier. »
Les locataires s’appauvrissent
Pour Chloé Tanguay, adjointe à la coordination, « C’est sans surprise que l’on apprend que plus d’un ménage locataire sur 5 consacre plus de 50% de son revenu pour se loger et un sur 10, plus de 80%, dans les deux cas, c’est une augmentation de plus de 15% depuis 2006. » Selon elle, l’organisme reçoit fréquemment des ménages dans cette situation très précaire, « souvent ça se solde par des expulsions pour cause de non-paiement! »
Mme Tanguay note que ce sont surtout les personnes seules, les personnes en colocation et les familles monoparentales qui subissent le plus cet appauvrissement. « Alors que les personnes seules composent plus de la moitié des ménages locataires, elles sont plus de 30% à payer plus de 50% de leur revenu, c’est près de 15% des ménages monoparentaux et des ménages en colocation qui sont dans la même situation. » Mme Tanguay, se demande si cela peut expliquer en partie la diminution du nombre de famille dans le quartier.
D’autres données permettent de constater que les jeunes de 15 à 24 ans et les personnes issues de l’immigration récente sont pris avec des loyers trop élevés et des logements souvent trop petits.
La revitalisation de notre quartier, passe obligatoirement par le logement social
Jonathan Aspireault-Massé ne croit pas que la situation va s’améliorer à court terme, surtout si on laisse aller le marché immobilier. « C’est une surprise pour personne quand on dit qu’il y a plus de construction de condos que toute autre forme de logement, mais de savoir qu’en 2012 et 2013, aucun logement locatif n’a été construit, là ça en surprend plus d’un », lance-t-il. Si cette tendance se maintient, il pense que les données seront encore pires dans le prochain recensement. « Il ne faut pas oublier que nos observations sur le terrain semblent montrer que le phénomène de conversions prend de l’ampleur. Ce qui n’aidera pas à faire augmenter le taux de vacance qui est déjà le plus bas à Montréal, avec 1,5% »
Selon Mme Tanguay, la seule façon de freiner ce processus et de revitaliser le quartier est une intervention vigoureuse des gouvernements pour développer de nouveaux logements sociaux. « Il est clair que le logement social offre aux locataires un peu de répit, dans des logements décents et abordables », affirme-t-elle. « Il faut développer plus de 900 logements sociaux dans le quartier afin de répondre aux besoins les plus criants », précise-t-elle.
Le comité BAILS entend continuer à interpeller les différents paliers de gouvernements afin d’obtenir de nouveaux logements sociaux, le maintien de ceux existants ainsi que des outils permettant les réaliser plus facilement. L’organisme promet que dans les prochains mois, ils et elles se feront fera entendre, notamment au cours de l’hiver, alors que le comité BAILS se mobilisera contre l’austérité qui affecte l’ensemble des programmes sociaux.
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Sources et informations :
Jonathan Aspireault-Massé,
coordonnateur
bur : 514-522-1817